[Quête] Un Transport pour Féérune - Partie 2

La discussion entre Evart etMiranda Galot pris fin pour le plus grand bonheur du jeune mage. Visiblement ce dernier n’avait pas suffisamment caché son ennui et son agacement, la veille femme ainsi qu’Evart l’ayant tout deux remarqué. Miranda se leva et salua les deux aventuriers, les priant de rester sur leurs gardes. Evart la rassura et puis s’inclina noblement devant elle. Raistlin, moins cérémonieux, se contenta d’un léger signe de tête. Il tourna les talons, et marcha, appuyé sur son bâton, à la suite de son compagnon. Une fois hors de la propriété, ce dernier proposa au jeune mage de se séparer et de se retrouver plus tard aux portes de la ville. Raistlin acquiesça et il observa le noble partir en direction de la place du marché. Il pensa à leur rencontre sur la plage, et se souvint alors que le jeune noble était resté très évasif sur la raison de sa présence en ces lieux. Ceci avait déjà éveillé la curiosité du mage mais il s’était bien gardé d’en parler, comprenant que l’essai serait vain. Cependant maintenant que l’ambiance du groupe était plus apaisée, Raistlin songeait à évoquer le sujet. Le fait qu’Evart ait eu une vision de son dieu le menant dans cet archipel singulier et loin de tout, intriguait fortement le jeune homme. De plus, et ce bien qu’il ne le connaisse que depuis très peu de temps, Raistlin avait une certaine considération pour Evart. Toutefois malgré toute la considération qu’il pouvait avoir, le magicien se méfiait toujours de lui. D’autant plus que le jeune noble semblait tout à fait prompt à faire usage de la force s’il le pensait nécessaire, ce qui pouvait se révéler « gênant ». En sus Raistlin voulait en savoir le plus possible dans un souci de « sécurité »

Sortant des méandres de ses pensées, Raistlin se mit péniblement en marche vers les portes de Zi’Hafa. Sur place il chercha un endroit calme, à l’ombre des murs et s’assit sur un banc d’où il avait une vue imprenable sur la place du marché. Il vit Evart qui déambulait entre les étals, mais, peu intéressé par ce spectacle, le jeune mage sortit son livre de sorts et l’ouvrit. Il le feuilleta jusqu'à trouver la page qui l’intéressait : celle d’un puissant sort qu’il avait dérobé à son ancien maître. Ce sort avait ceci de particulier que dès que Raistlin parvenait à en affiner sa compréhension, il faisait continuellement face à un nouvel obstacle. Dans les faits, le jeune homme était en mesure d’utiliser ce sort, mais cette utilisation approximative engendrait inévitablement des effets indésirables pour Raistlin. Le mage était, pour l’heure, incapable de catalyser correctement les énergies magiques auxquelles il faisait appel, ainsi il perdait systématiquement connaissance après l’avoir lancé. Cet inconvénient majeur, obligeait le jeune mage à n’utiliser ce sort qu’en dernier recours, lorsque la situation était critique.

Raistlin se concentra et étudia attentivement la formule. Lorsqu’il vit Evart se tenir devant lui, le jeune homme referma alors son grimoire avec une célérité déconcertante, et se leva pour faire face au noble. Les deux aventuriers parlèrent brièvement, puis partirent en direction du nord. Une fois sortis du village, ils arrivèrent devant l’orée de la jungle. Cette dernière se dressait face aux deux jeunes gens, insondable. Cela n’augurait rien de bon pour le jeune mage, qui n’avait jamais été taillé pour la marche, encore moins dans un environnement aussi chaotique et irrégulier que celui qui s’offrait à eux… Il craignait la fatigue plus que tout en ce bas monde. Démultipliée par sa maladie, elle signifiait pour lui la perte. De son pouvoir, de sa capacité à pratiquer la magie… de son essence.

Mais le temps n’était pas au renoncement et les deux jeunes gens s’enfoncèrent alors dans l’inconnu. Raistlin marchait péniblement dans le sillage du jeune noble qui était en bien meilleure condition physique que lui. Parcourir ainsi la jungle était un réel supplice pour Raistlin, l’enchevêtrement des lianes, le manque de lumière, l’humidité ambiante, tout cela rendait plus difficile encore l’avancé du jeune mage qui marchait machinalement, sentant la douleur s’animer au plus profond de son être. Il ne reprit « conscience » que lorsqu’ils arrivèrent en haut d’un ravin où la lumière était aveuglante. Evart sembla être subjugué quelques instants par le spectacle qui s’offrait à lui, Raistlin lui n’en avait que faire, trop fatigué pour y prêter la moindre attention. Les deux hommes descendirent par la suite le chemin qu’avait repéré Evart, puis entamèrent la traversé du ruisseau. Soudain, Raistlin eu une très forte quinte de toux, et toute la douleur qu’il avait tenté de refouler et de soumettre se déversa dans son corps fébrile. Il ne pouvait plus avancer, son sang maculait sa robe et sa poitrine le tiraillait. Il recula d’un pas et s’assit sur le bord du ruisseau afin de laisser la douleur se calmer et s’essuya avec son mouchoir. Lorsqu’il fut remis, Raistlin nettoya son mouchoir dans le ruisseau et rempli sa gourde. Durant ce laps de temps, Evart était resté le dos tourné afin de ne pas déranger le mage.

Ils continuèrent alors leur chemin et après la traversée d’un sombre tunnel, ils entrèrent dans une forêt qui avait changé radicalement d’aspect. Ici les arbres étaient espacés, ce qui serait bien plus commode pour la marcher. De plus il y avait cet étrange brouillard qui n’était pas sans rappeler à Raistlin la brume qui recouvrait le cimetière qu’il « visitait » certains soirs, lorsqu’il était encore apprenti. Cette atmosphère inquiétante ne le dérangea pas le moins du monde, mais la sensation d’être épié se faisait de plus en plus tenace. Nonobstant le groupe continua son chemin, calé sur le rythme du mage, qui ne devait pas fournir plus d’effort qu’il ne l’avait déjà fait, sous peine de ne pas pouvoir combattre si jamais ils y étaient obligés.

Finalement, les deux jeunes gens se retrouvèrent devant l’entrée d’une grotte obstruée par un éboulement de rochers. Evart dit alors au magicien qu’il allait essayer de dégager un passage sur le dessus de l’éboulis. Le mage s’assit donc sur une pierre non loin et prit du repos tout en observant le jeune noble à l’œuvre. L’entreprise semblait difficile et vaine, après cinq minutes d’effort Evart renonça et redescendit et reprit son souffle. Alors il demanda à Raistlin en Chondathan :

- [Chondathan] Je pense que cette issue serait trop longue à déboucher. A mon avis, nous devrions longer l'affleurement pour tenter de trouver une nouvelle entrée. Qu'en dites vous ?

Raistlin, qui avait un peu récupéré, lui répondit doucement, presque dans un murmure :

- [Chondathan] Je ne vous suis pas d’une grande aide, vous m’en voyez désolé… Je suis d’accord avec vous, inutile de se fatiguer en vain. Allons-y.

Alors, Raistlin, à nouveau précédé d’Evart, se mit en route pour contourner la grotte…

La recherche n’avait décidément pas duré bien longtemps. Seulement quelques minutes après qu’ils se soient mis en route, les deux jeunes gens trouvèrent une porte qui devait certainement être l’entrée de la grotte. Alors Raistlin se tourna vers le noble et lui dit :

- [Chondathan] Messire Evart, je pense qu’il convient désormais d’évoquer notre stratégie…

Ce à quoi Evart répondit :

- [Chondathan] C’est certain. Je crains que nous ne tombions dans quelque embuscade… Je vais donc revêtir ma cotte de maille. De plus j’ai acquis de la Poix au marché de Zi’Hafa, elle nous sera certainement très utile.

Lorsqu’Evart évoqua la Poix dont il disposait, le jeune mage entrevit quelques stratégies qui, combinant cette matière extrêmement inflammable et quelques-uns de ses sorts, pouvaient se révéler fort efficaces. Raistlin était certain que jeune noble y avait également pensé. Alors il s’autorisa un léger sourire et dit :

- [Chondathan] Je n’en doute pas… Cependant je propose d’adopter une approche discrète, évitons de les alerter et ainsi de croiser le fer trop tôt. Et je vais être franc avec vous, je préfère que vous rentriez en premier dans cette grotte…

Evart exprima son assentiment par un hochement de tête, puis se mit un peu à l’écart pour endossez sa cotte de maille. Lorsqu’il eut fini, il rejoignit le mage qui attendait près de la porte, puis l’ouvrit doucement…

Après avoir reçu l’assentiment du mage, Evart reprit son sac avant de contourner la grotte. Comme lors du voyage jusqu’aux pans du volcan, le jeune noble marchait devant Raistlin pour lui éviter de s’enfoncer dans de la boue ou quoi que ce soit. Quoiqu’il en soit, ce silence malsain commençait à être pesant et le mettait mal à l’aise. Heureusement, ils ne mirent que quelques minutes à trouver une autre entrée. A quoi bon se donner tant de mal pour ouvrir un passage s’il y en avait un autre à quelques minutes de là. De la porte, aucun bruit ne sortait. Cela amena Evart à imaginer deux possibilités : soit les hommes-lézards surveillaient la porte en silence pour prendre d’éventuels adversaires par surprise, ce qui pouvait correspondre à leur caractère fourbe, soit il n’y avait personne. Contrairement à son habitude, c’est le magicien qui commença la conversation en proposant de discuter de leur stratégie, puis le cormyrien l’informa de ses idées et de ce qu’il avait acheté au marché :

- [Chondathan] C’est certain. Je crains que nous ne tombions dans quelque embuscade… Je vais donc revêtir ma cotte de maille. De plus j’ai acquis de la poix au marché de Zi’Hafa, elle nous sera certainement très utile.

Puis, Raistlin proposa d’y aller discrètement en évitant de se faire repérer. Cela convenait parfaitement au jeune homme qui ne désirait pas tomber dans une embuscade face à des hommes-lézards, ils avaient eu énormément de mal à tuer l’un d’entre eux alors contre plusieurs, il serait plus intéressant de les prendre par surprise. Néanmoins, il revêtit sa cotte de maille, celle-ci était ajustée et suffisamment tendue pour ne pas faire de bruit. Ainsi équipé, il s’avança jusqu’à la porte, l’ouvrit et entra. Les chauves-souris qui dormaient là, prirent peur et s’échappèrent dans un claquement d’ailes. Enfin, ils purent avancer avec une extrême prudence. Fort heureusement, l’utilisation de torches n’était pas nécessaire, en effet, on pouvait voir des ouvertures au plafond qui laissait échapper des rayons de lumière. Peu à près, ils se retrouvèrent en surplomb d’une grotte un peu plus vaste. La chute ferait aisément une toise et demi, c’est alors que le noble se maudit de n’avoir acheté de cordes. Cela leur aurait été bien utile, mais cela ne l’effrayait en rien. Il sauta donc pour se retrouver sur ses pieds de façon plus ou moins stable. Alors il regarda Raistlin qui hésitait, alors le cormyrien lui dit :

- [Chondathan] Je vais vous aider si cela ne vous dérange pas.

Là, le magicien tenta un saut mais se réceptionna maladroitement au sol, il manqua de déchirer sa robe et de tombait lorsqu’Evart l’attrapa par la manche pour l’aider à rester sur pieds. La grotte était relativement étroite mais très haute avec encore des ouvertures au plafond diffusant une lumière faible dans la cavité. On pouvait voir les restes d’un campement, plus précisément, des traces d’un feu de camp, des tabourets et des tables mais aussi, plus inquiétant, des ossements. Cela devait certainement être le campement dont parlait le journal de Glarthir Galot. Il fit part de sa supposition à Raistlin :

- [Chondathan] A mon avis, nous sommes sur la bonne voie. Cela doit être le camp qu’avait trouvé le père de Dame Galot.

Ce à quoi le mage répondit part l’affirmative, le cormyrien ressentait comme une poussée d’adrénaline, même si il n’en faisait rien paraître. Alors, il inspecta un peu les squelettes. L’un d’entre eux semblait humain, peut-être elfe, dans ses mains, une épée longue, le jeune homme ne pensa même pas à la prendre, c’était une vieille arme qui se devait de rester avec son maitre. D’ailleurs, s’ils avaient le temps au retour, Evart pensait sérieusement à offrir une sépulture décente à ses restes d’homme. Les autres squelettes semblaient bien plus grands et leur morphologie était très différente, ils possédaient une queue d’un mètre, cela correspondait à la description des hommes-lézards. Après cette petite inspection, les deux aventuriers repartirent dans le tunnel qui menait plus en avant dans les profondeurs de la terre.

Remise d'expérience

Araignée Colossale : 300 XP
Raistlin : 150 XP
Evart de Padraig : 150 XP

Préférant rester prudent vis-à-vis d’Evart qui avait l’air écœuré et mal à l’aise, Raistlin ne s’aventura pas à s’emparer de mystérieux crâne, même si l’envie ne lui en manquait pas. Alors le groupe rebroussa doucement chemin parmi les araignées qui ne s’occupaient pas le moins du monde de leur présence. Une fois sortis du passage, maculés de toiles, ils s’époussetèrent et reprirent leur chemin. Ils arrivèrent alors dans une vaste salle, laquelle était jonchée de restes humains ou non… Alors que ce massacre ne dérangeait pas Raistlin, Evart lui semblait troublé. Le jeune mage l’entendit murmurer quelque chose, puis immédiatement après le jeune noble parut rasséréné. Certainement une prière adressée à son dieu pensa Raistlin, alors qu’il tentait d’analyser, froidement, ce qui avait bien pu arriver aux propriétaires de ces ossements. Le jeune mage n’eu pas à chercher longtemps lorsqu’ils virent une araignée géante qui gisait non loin sur le sol. L’araignée pouvant être un danger potentiel, Evart proposa à Raistlin de la tuer et exposa son plan. Son raisonnement n’était pas dénué de sens, aussi Raistlin se laissa convaincre et il se préparera à un âpre combat, contre un ennemi qui certes serait pris par surprise, mais qui pouvait être terriblement dangereux si le plan marchait mal.

Finalement le combat tant redouté se déroula avec une extrême rapidité. Raistlin, pendant une fraction de seconde, pensa utiliser le sort qu’il avait dérobé à Elren, mais l’araignée géante s’effondra vite, ne pouvant résister à la douleur provoquée par des deux fioles de Poix enflammées. Le jeune mage prit le temps de souffler, en pensant à l’éprouvant combat qui aurait pu avoir lieu. Ensuite il rendit son équipement à Evart qui éteignait sa torche. A la lueur de l’araignée qui se consumait les deux aventuriers examinèrent la grotte et n’y trouvèrent que plus d’ossements encore et des épées rouillées. N’ayant plus rien à faire dans cette « salle de banquet », Evart et Raistlin continuèrent discrètement leur chemin par la seule issue qui leur était possible d’emprunter, conscients que les hommes lézards avaient peut être entendu les cris de douleurs de l’énorme arachnide…