[Quête] Un Transport pour Féérune - Partie 1

Cela faisait plusieurs jours, peut être même plusieurs semaines, que les compagnons erraient dans l’obscurité des Tréfonds, Raistlin avait perdu la notion du temps dans cet environnement peu hospitalier, il ne faisait qu’avancer sans penser a autre chose. La faim et la fatigue le tenaillant, et du fait de sa santé fragile Raistlin était au bord de l’évanouissement lorsque il se remémora tout ce qu’il avait du endurer lors de son épreuve, et il pensa qu’avoir donner une partie de sa santé pour en arriver à mourir aussi bêtement ne valait pas peine. Il se redressa, refusant de se laisser aller, et s’appuya contre son bâton et continua de marcher machinalement.

Raistlin mit quelques secondes à remarquer le vent qui lui caresser le visage, il se mit à espérer que cette brise soit annonciatrice de la fin de leur pérégrinations, et redoubla d’efforts. Bientôt, les compagnons aperçurent au loin la lumière du jour, une fois sorti de ces maudits souterrains et après s’être habitué à la lumière le groupe remarqua qu’ils se trouvaient sur une plage.

Raistlin regarda autour de lui, et retint mentalement la configuration des lieux. Ensuite, il suivit les autres qui avançaient le long de la plage. Après avoir marché sur plusieurs mètres le groupe aperçu une pancarte accrochée à un poteau, l’inscription sur la pancarte disait : « Vous entrez sur les terres d'Arkhal-Gelianil. Tous les Drow seront exterminés à vue ». Cette pancarte était pour le moins explicite, mais heureusement pour eux aucun drow ne faisait partie de l’expédition...

Après avoir parcourus quelques dizaines de mètres les compagnons aperçurent des constructions au loin, le groupe s’arrêta, et alors que Raistlin allait prendre la parole, Dfus l’autre mage suggéra :

- Je pense que... nous devrions aller vers ces constructions. C'est peut être un village. Qu'en pensez vous ?

Dfus avait anticipé la question que Raisltin allait poser, aussi ce dernier répondit, d’une voix murmurante, qu’il était d’accord avec Dfus :

- Je suis d’accord avec Dfus, nous diriger vers ces constructions me semble être la meilleure des solutions, nous sommes tous exténués et il se peut que là bas nous trouvions de quoi nous ravitailler, ainsi que des information sur les terres que nous foulons…

Lorsqu'il était au Temple, c'est à dire près de soixante pourcent de sa vie totale, et plus de quatre-vingt dix de sa carrière de prêtre, Mortën Asphodel faisait tout son possible pour éviter la lumière du jour. Il se sentait vulnérable sous les rayons du Soleil, sa peau sensible ne supportait pas les brûlures infligées par les rayonnements. Aussi, lorsqu'il souhaitait prendre l'air, il veillait à sortir en pleine nuit, au moment où la vie simple et basique avait cedé sa places aux forces des Ténèbres.
Mais maintenant, la situation était différente. Mortën n'avait pas eu un seul contact avec le dehors depuis fort longtemps. A force d'errer dans des souterrains obscurs, humides et menaçants, il avait perdu toute notion précise du temps. Il ne fut donc pas désagréable de retrouver un peu de fraîcheur, de vent et de lumière naturelle. Il n'en fut pas non plus heureux. Une indifférence totale à l'égart de ses sensations physiques à vrai dire. C'était nécessaire. Pendant une mission, le corps et l'esprit ne devaient plus exister. Ils devaient se fondre en une seule et unique force, maîtrisée complètement. C'était une phase difficile à atteindre, mais avec son entraînement de prêtre, Mortën parvenait à se déttacher de ses émotions et de ses sensations pour se concentrer sur son objectif.

Pourquoi s'était-il retrouvé ici, Avec ces Nains et ces hommes, magiciens et guerriers ? Tout lui portait à croire que Loviatar en était la raison. Mais Mortën ne voyais pas en quoi cette quête pourrait servir la cause de la Déesse. Il y avait réfléchi plusieurs fois mais ne parvenait pas à trouver une raison plausible. Lorsqu'il avait entendu parler de cette expédition, il avait eu une sorte d'illumination, qu'il avait interprété comme un message de la Divinité. Cela ne faisait désormais plus aucun doute. Et comme le fidèle serviteur qu'il était, il s'était plié à la volonté de l'entité Divine, peut importait qu'il en comprenne la raison, les Dieux savaient ce qu'ils faisaient... Lui, n'était que leur instrument.
C'est donc ainsi qu'il avait partagé la vie de trois Nains et de deux Hommes pendant plusieurs semaines, menant à leurs côtés des combats féroces, conformément à leur "devoir".

Mortën resta un peu en retrait du groupe, sur la plage. Il pris connaissance de la pancarte : "Vous entrez sur les terres d'Arkhal-Gelianil. Tous les Drow seront exterminés à vue". Les autochtones étaient hostiles visiblement, mais si on se référait purement à cet écriteau, le groupe ne risquait rien. L'avenir le dirai. Plus loin, devant, Dfus prit la parole, et raistlin lui répondit :

- Je pense que... nous devrions aller vers ces constructions. C'est peut être un village. Qu'en pensez vous ?

- Je suis d’accord avec Dfus, nous diriger vers ces constructions me semble être la meilleure des solutions, nous sommes tous exténués et il se peut que là bas nous trouvions de quoi nous ravitailler, ainsi que des information sur les terres que nous foulons…

Qui disait constructions, sous-entendait âmes. Des âmes sales à convertir. Non, ce n'était pas la mission de Mortën, aujourd'hui, que de servir sa Déesse en ce sens. Des habitations ? Sans doute celles de autochtones. Autochtones qui promettaient la mort aux Drows qu'ils rencontreraient. Donc, des autochtones agressifs. Donc, des autochtones dangereux. Le groupe avait déjà était assez mis à l'épreuve pendant les jours précédents, et des rixes avec les indigènes locaux étaient superflues. De plus, Mortën n'aimait pas les contacts avec les autres être vivants ; il venait de passer de longues journées avec un petit groupe, et il n'était pas très motivé pour aller rencontrer d'autres vivants... Au fond de lui même, il n'avait pas envie du tout de rallier les constructions.
Mais d'un autre côté, c'était soit cela, soit la jungle ; il ne semblait pas y avoir d'autre choix. Les jungles étaient trop dangereuses. Et puis sa mission lui avait été imposée, et Loviatar ne tolererait pas qu'il fasse les choses à moitié. Enfin, Raistlin avait raison, un peu de repos et de ravitaillement seraient les bienvenus aux six aventuriers. Il se contenta de siffler à travers la masse sombre de sa capuche rabattue :

- Il semble que ce soit la meilleure chose à faire, en effet...

Mortën commençait à en avoir assez de tout ça. Il n'avait pu se reposer convenablement depuis plusieurs jours. Les rares nuits calmes qu'ils avaient passé, le prêtre n'avait pas trouvé le sommeil. La fatigue se faisait sentir. Le changement brutal de milieu n'avait fait qu'accroître son désir de solitude, de calme et de repos. Il avait déjà loupé plusieurs rituels dédié à sa Déesse... D'ordinaire, cela aurait été impardonable ; mais Loviatar comprendrait. Après tout, c'était pour Elle que Mortën se trouvait ici même en ce moment. Le packetage se faisait de plus en plus lourd, à l'image de son corps et de ses paupières. Tout ce qu'il demandait, c'était un peu de repos, rien que quelques heures seul, au calme... Qu'Elle lui pardonne.

C'est donc d'une oreille distraite que le prêtre avait écouté ce qui se passait dans l'environnement alentour. Il préférait déléguer sa part de responsabilité au sein du groupe à quelqu'un d'autre, pour le moment. Se tourner vers Raistlin fut une évidence. Celui-ci discutait avec les Elfes. D'un signe de tête, Mortën attira son attention et lui fit comprendre qu'il était d'accord avec lui... Sans pour autant savoir avec exactitude ce qui se passait réellement.

Raistlin avait assisté silencieusement au débat qui avait eu lieu, d’abord l’intervention navrante du nain, puis celle fort méprisante et arrogante de Dfus, interventions auxquelles Mortën avait très adroitement répondu. Le mage partageait en tout point la vision des choses du prêtre, Dfus pouvait partir quand il le voulait, plus rien ne le liait au reste de l’équipée, de plus ce serait ainsi l’occasion de révéler sa « puissance » acquise lors de ses « croisades »… enfin si il survivait, ce qui semblait assez improbable.

Après sa réflexion Raistlin se tourna vers Mortën, qui semblait être le seul à avoir conserver la raison, pour lui répondre :

- Mortën votre idée est la plus sage en effet, nous serons bien mieux disposés après un repos, je pense, dûment mérité, aussi si nos compagnons veulent partir dans cette forêt dès maintenant ou faire cavalier seul, grand bien leur fasse, je ne peux que souhaiter qu’il ne leur arrive rien, bien que ça leur apprendrait à être aussi arrogants et stupides. Ainsi je décide de me joindre à vous et d’attendre demain avant de nous aventurer vers cette cité.

Mortën fut satisfait de l'accord de Raistlin. D'un ton lourd d'épuisement, il proposa de rejoindre la lisière de la jungle, non trop loin du village, pour offrir au groupe une protection à la fois naturelle et artificielle : la proximité des Elfes dissuaderait un éventuel agresseur. Puis le prêtre attendit l'avis de Raistlin et une manifestation quelconque des autres membres du groupe.

Raistlin acquiesça, cependant une question demeura en suspens dans son esprit, il décida d'en faire part aux autres :

- Je vous suis Mortën. Seulement je me demande ce que nous allons faire de Borim, dit il en désignant le nain écroulé dans le sable et dormant d'un sommeil profond, devons nous l'emmener avec nous, ou le laisser aux bons soins de Zarakaï ? Enfin... Si les autres ne se décident pas vite, je propose de nous mettre en route, je commence à être las de tout ceci.

Le mage fini sa phrase, réajusta son paquetage et empoigna fermement son bâton afin de signifier qu'il était prêt.